
"Tout a commencé avec la vente de mes œufs sur les marchés, avec mon grand-père, bien avant même que je ne m’installe", se souvient Aurélie Roux. En 2007, elle reprend la ferme familiale des années 1950 qui élevait des poulets de chair industriels. Ses parents ne voulaient pas qu’elle devienne agricultrice, elle est aujourd’hui associée avec son compagnon pour produire des œufs et des céréales transformées.
L’agronomie avant tout
Elle commence sa carrière comme éducatrice, un métier qu’elle abandonne vite, tant la passion pour l’agriculture est forte. Au début, elle travaille avec son père, mais sur un projet totalement différent, axé sur la production d’œufs et directement en bio.
"À cette époque, j’étais déjà alertée par les dangers des pesticides pour les agriculteurs et, surtout, j’étais dégoûtée du poulet industriel", raconte Aurélie Roux. Plus que les études, ce sont les lectures, en particulier les ouvrages de Claude Bourguignon, qui guident ses choix agronomiques. "Maintenant, on est des pro de la vie du sol", s’amuse celle qui relativise les conseils du chercheur à une réalité de terrain plus nuancée: quelquefois, il faut tout de même labourer. Mais aujourd’hui, elle est très satisfaite d’une technique qui redonne de la vie au sol, notamment grâce à des apports massifs de composts issus de l’exploitation.
L’autre choix stratégique, ce sont les semences de ferme. Aurélie Roux conserve les variétés de son grand-père et, chaque année, des parcelles sont dédiées aux semences pour l’année suivante. Au départ, il s’agissait simplement d’économiser sur les achats. Très vite, l'objectif est devenu de trouver des variétés résistantes à la rouille et aux pucerons.
Comme les semenciers, elle partage les parcelles en 4 et choisit les variétés qui se comportent le mieux. "Autrefois, chaque région avait sa variété de maïs ou de blé. J’ai donné des semences à des collègues qui ont pu vérifier cette adaptation en fonction des lieux", explique Aurélie Roux. Dans sa ferme, la "rouge de Bordeaux", par exemple, donne de bons résultats.
Innovation et auto-construction
Toujours importantes, les céréales permettent de ne pas dépendre seulement de la production d’œufs. Mais avec les rentabilités difficiles sur des petites surfaces, l’exploitation s’est lancée très progressivement dans la transformation en farines, polenta, huiles de colza et de tournesol. Les premiers retours clients ayant été positifs, Aurélie Roux, aidée par son compagnon et par son père, "astucieux et efficaces", choisit de construire une première cellule de séchage en bois pour 2m3. Aujourd’hui, l’expérience est concluante, et 10 silos de 8 t chacun ont été auto-construits. "Le système est aéré grâce à des grilles perforées au fond. Une ventilation forcée est possible, mais si le temps est trop humide, nous pouvons complémenter avec un système au gaz", détaille Aurélie Roux.
Enfin, jamais à court d’idées, le couple s’est lancé cette année dans la fabrication de pâtes "qui résistent à la cuisson dans la restauration collective".
Carte d’identité
- Date d’installation: 2007, toujours en bio
- Localisation: Portes-lès-Valence (Drôme)
- Main-d’œuvre: 2 associés et un salarié à temps plein
- SAU: 40 ha
- Productions: œufs, huiles, pâtes, farine, polenta
- Commercialisation: vente à la ferme, à un grossiste, aux marchés, aux collèges (plateforme départementale), magasins de producteurs.
Cet agriculteur a été nommé « Talent Tech & Bio 2023 »