Dans ce vin élaboré par Jérôme Choblet, tout surprend, à commencer par le cépage. En tout et pour tout, en France, les surfaces de grolleau gris ne doivent pas excéder les 600 ha. Majoritairement implanté dans le Val de Loire, ce cépage autochtone est souvent utilisé pour élaborer des vins rosés ou des vins effervescents. Au Domaine des Herbauges (Loire-Atlantique), c’est en blanc et avec un degré d’alcool de seulement 8,5 qu’il a trouvé sa meilleure place.
« Le potentiel alcoolique du grolleau gris est naturellement peu élevé. Mais pour proposer un vin dans la tendance des no-low, il a tout de même fallu adapter notre itinéraire technique à la vigne », précise Jérôme Choblet. Quinze jours avant la récolte faîte en sous maturité, un effeuillage est réalisé. Les raisins vendangés de nuit sont immédiatement pressés. Les jus sont stabulés à froid pendant deux à trois semaines à une température de 4°C. Pendant cette période, un bâtonnage des lies est pratiqué toutes les 6 heures.
« Quand vient le moment de lancer la fermentation alcoolique, on remonte la température… à 6°C ! Les levures sélectionnées finissent sans problème la transformation des sucres. On obtient un vin aromatique, avec du gras en bouche, à moins de 3 grammes de sucre et naturellement bas en alcool. On n’enlève rien, on ne rajoute rien. Il n’y a donc pas de désalcoolisation, pas de désacidification, pas d’aromatisation. »
Un succès commercial immédiat
Lancée sur le millésime 2023, le succès a été immédiat. L’intégralité des volumes mis en bouteille a été vendue en deux mois, à l’export, soit 170.000 cols. La référence déclinée en canette de 25 cl est aussi plébiscitée. Un tiers des commandes de canettes faites par les pro auprès de Jérôme Choblet porte sur le grolleau gris à 8,5 degrés d’alcool revendiqué en IGP Val de Loire.
« On cultive un peu moins de 10 ha de grolleau gris. En retirant ce cépage de nos autres références de vins tranquilles et effervescents, on peut récupérer 60.000 cols », estime le vigneron installé dans le Muscadet, à proximité de Nantes.
« Il y a un vrai engouement. Lors de ma dernière tournée aux États-Unis, j’ai rentré six nouveaux importateurs grâce à notre vin à bas niveau d’alcool. C’est le type de nouveauté qu’ils recherchent. C’est innovant et surtout c’est bon. Et finalement, ce produit que j’imaginais porter uniquement à l’export intéresse en France. Il devrait être prochainement distribué dans certains supermarchés, hyper et supérettes. »
Un muscat à 8 % en cuve close
Au Château Guilhem, dans l’Aude, Bertrand Gourdou a trouvé comment vendre et valoriser ses vins de muscat. Muse de Guilhem est un vin effervescent obtenu après une seconde fermentation en cuve close1. « Le degré d’alcool du vin est au départ de 11,5 %. La consommation de sucre lors de la prise de mousse abaisse le degré à 8. Les bulles fines générées par la méthode Charmat gomment l’amertume que l’on peut retrouver dans le muscat. Elles équilibrent aussi les sucres résiduels qui sont à 50 g/l. C’est un vrai succès commercial. »
Lancée en 2018, la Muse de Guilhem est vendue 12 euros aux consommateurs. 12.000 bouteilles sont produites chaque année.
Réalisé par le prestataire Rivarose dans les Bouches-du-Rhône
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